Grossesse

Impression que tout le monde se mêle de votre grossesse, a un avis sur ce que vous devez faire ou ne pas faire. Ce « tout le monde », ce sont les amies, la famille ou les professionnel·les de la santé…
Il y a des prescriptions de santé publique – ne pas fumer, ne pas boire d’alcool, laver soigneusement la salade qu’on va manger, etc. Là, les messages sont (normalement) clairs. Il y a aussi des prescriptions en lien avec des codes de culture, et c’est normal – les recommandations ne sont pas les mêmes sous nos latitudes ou en Afrique, par exemple. Et des prescriptions attachées à des habitudes familiales – « Oh, moi, pendant ma grossesse, je faisais ceci, et donc, fais comme ceci », « Tu verras, tu portes une fille parce que ton ventre est comme cela ».
Et puis, il y a l’expérience propre à chaque femme enceinte ou qui l’a été. « Une expérience tellement forte qu’on a envie de la partager, parfois de trouver du "semblable" chez l’autre, relève Reine Vander Linden, psychologue en périnatalité. Et, très souvent, on se met dans une position de savoir quand on partage son expérience, en disant (ou en sous-entendant vigoureusement) : "Il faut absolument que…" ou "Tu dois faire comme ça". Et là, à la limite, il y a autant d’avis qu’il y a de vécus… En tout cas, il n’existe pas de vérité absolue. Une idée convient à une femme mais peut ne pas convenir à une autre… simplement parce qu’elles n’ont pas les mêmes besoins, ni le même tempérament. »

Garder sa part de liberté…
C’est sûr, plus vous appréciez la personne qui vous donne sa recommandation, son conseil ou son avis, plus vous êtes prête à l’écouter. Si votre amie vous lance « Moi, j’ai tenu toute ma grossesse au boulot, et mon bébé va bien », il y a de sérieuses chances que vous pensiez, vous aussi, devoir tenir toute votre grossesse au boulot, même si vous vous sentez hyper fatiguée et que vous aimeriez bien lever le pied. De même, plus une autorité est à l’initiative de tels messages, plus vous y êtes réceptive et vous vous dites : « Il faut que je l’écoute. » « Pas simple de s’y retrouver parmi tous les messages distillés de toutes parts », reconnaît Reine Vander Linden. Ils peuvent se répondre, se renforcer, mais aussi s’entrechoquer, être contradictoires, s’annuler…
« Alors, il est important, pour la (future) maman, de veiller à garder sa part de liberté, qu’elle puisse se sentir au plus juste avec les choix qu’elle fait. Tant qu’elle est bien avec la solution qu’elle choisit, il ne faudrait pas que d’autres – proches ou professionnel·les – la remettent en question », explique la psychologue. Ses choix seront les bons !

Lorsque votre enfant naîtra…
Au sein du couple aussi, les avis peuvent s’opposer. Monsieur voudrait empêcher madame de manger une feuille de salade, alors qu’elle en crève d’envie – « Laisse-moi ma liberté, je ne suis pas inconsciente… » « Partager, se parler, se respecter et faire confiance dans les ressentis de l’autre sera le challenge de l’équipe parentale pour bien des années », souligne Reine Vander Linden.
Votre grossesse, tout le monde s’en mêle. Une telle expérience se reproduira lorsque votre bébé naîtra. Tout le monde se mêlera de son sommeil, de ses pleurs, de son alimentation… en fait, de ces mille choses qui feront votre quotidien avec lui. Les conseils jailliront de partout. « Alors, si vous pouvez, dès la grossesse, être au clair sur ce qui vous convient, et donc vous écouter, cela sera d’autant plus facile de faire les choix qui vous correspondent quand votre bébé sera là. C’est en s’écoutant qu’on est sur la voie la plus juste pour son bébé et soi. »
En attendant bébé