Grossesse

Vous attendez deux bébés d’un coup, waouh ! Une grossesse gémellaire, c’est d’abord le choc de l’annonce… à digérer. Et pour cela, il faut parfois du temps, parce qu’il s’agit d’une réalité que vous n’envisagiez pas du tout. Puis, très vite, viennent les questions et les inquiétudes : « Comment vais-je porter deux bébés en moi ? », « Comment allons-nous nous organiser après la naissance ? », etc.
Sidération. Incrédulité. Difficulté à croire ce qui vous arrive. « Vous espérez un beau bébé de 3 kilos et, à la première échographie, on vous annonce qu’il y en a deux ! J’ai été à la limite choquée, se souvient Laure. Sur le coup, le papa aussi a été choqué. Il nous a fallu une semaine pour digérer la nouvelle. Je suis très contente, ce qui nous arrive est exceptionnel, mais j’ai beaucoup de peurs : peur pour la santé des bébés, peur qu’ils ne naissent prématurément, peur de l’accouchement. À la première échographie, je n’ai pas bien regardé, j’étais sous le choc. À la deuxième, un mois plus tard, je pleurais de joie. Je ne suis ni la première, ni la dernière à attendre des jumeaux, j’y arriverai. Mais je ne me sens pas épanouie comme je le rêverais. J’en parle beaucoup avec ma gynéco. »
L’arrivée d’un bébé, c’est déjà un chamboulement. Et une organisation du tonnerre. Alors, deux d’un coup… Quel tourbillon de sentiments : vous passez d’une joie indescriptible à une peur panique ! Au fil de la grossesse, il vous est recommandé, à vous, future maman et futur papa de jumeaux, d’avancer pas à pas. Pour ne pas être pris de vertige. Et, en même temps, il vous est conseillé de vous informer. Pour ne pas être pris au dépourvu le moment venu. Drôle d’exercice…
Un suivi médical rapproché
Dans nos pays, les grossesses gémellaires représentent « naturellement » 1 % des grossesses, ce qui est égal à 2 % des bébés. Mais ces chiffres ont augmenté avec les traitements contre l’infertilité.
Une échographie précoce détermine s’il y a deux placentas et deux poches amniotiques, un placenta et deux poches, ou un placenta et une poche. Ces deux derniers types de grossesse gémellaire se révèlent davantage à risque.
D’une façon générale, l’ensemble des grossesses gémellaires sont considérées comme des grossesses à risque. Elles imposent donc un suivi médical étroit. Parmi les risques qu’elles présentent, il y a notamment l’accouchement prématuré. La moitié des jumeaux naissent prématurément, à moins de 37 semaines d’âge gestationnel, et nécessitent des soins particuliers dans un service néonatal. « Heureusement, la plupart naissent juste quelques jours avant terme », précise Yves Hennequin, néonatologue au Centre hospitalier régional Haute Senne à Soignies. Le recours à la césarienne est également plus fréquent en cas de naissance gémellaire, afin que l’accouchement se passe dans des conditions de sécurité optimales. « Dans certains pays, une grossesse gémellaire conduit d’office à une césarienne, pas en Belgique. De plus, il y a des différences selon les hôpitaux », commente Yves Hennequin.
Le suivi médical plus attentif se concrétise notamment par des visites supplémentaires chez le gynécologue (généralement, toutes les deux semaines), voire par des visites à domicile quotidiennes d’une sage-femme.
Il n’y a pas de mystère : la meilleure prévention de l’accouchement prématuré est que vous, la future maman, vous vous reposiez. Au besoin, une limitation de vos activités vous est recommandée. Parfois, un alitement plus ou moins prolongé ou même une hospitalisation s’avèrent indispensables. Si c’est le cas et que vous avez déjà un ou plusieurs jeunes enfants, ceux-ci risquent fort d’être étonnés de vous voir tout le temps couchée. Déjà vous, cela vous semble inimaginable, alors eux ! Expliquez-leur que se reposer quand on fabrique un petit bébé – a fortiori deux – est important.
S’informer…
Comme futurs parents de jumeaux, vous recherchez des informations spécifiques. Et, pour les trouver, vous allez sans doute tout naturellement sur Internet. Mais si, vous madame, vous vous souciez pour votre grossesse, si vous avez des inquiétudes, parlez-en d’abord et avant tout avec votre gynécologue. Il vous donnera une information personnalisée, en fonction de votre cas précis. Bref, si Internet généralise, votre gynécologue, lui, personnalise ! Autre source d’information, bien utile : les « déjà » parents de jumeaux. Pourquoi ? « Lorsqu’il ne traite pas de votre cas particulier, le gynécologue a parfois tendance à se référer aux complications les plus graves (grande prématurité, syndrome transfuseur-transfusé, etc.), reconnaît Yves Hennequin. La difficulté de ceux qui transmettent des informations est de ne dresser ni un tableau trop sombre, ni un tableau trop rose, autrement dit de ne pas inquiéter inutilement et de ne pas rassurer de manière inadéquate. Il est donc important que les futurs parents aient aussi des contacts directs avec des mamans et des papas de jumeaux qui leur donnent des informations concrètes, terre à terre… tout en n’oubliant pas qu’un parent n’est pas forcément l’autre ! »
Comment allaiter des jumeaux ? (Sachez que c’est tout à fait possible, même si cela demande une organisation pointue.) Les faire dormir dans le même lit ou pas ? Et le bain, ensemble ou séparément ? Dans quelle poussette double investir ? Comment profiter, sereinement, d’un bébé à la fois ? Et s’il y a un·e aîné·e, comment lui laisser une place alors qu’eux, les jumeaux, prennent toute la place (que ce soit dans le concret du quotidien ou dans la tête) ? Comment faire face à l’épuisement des premières semaines ? Chez certains parents, de telles questions surviennent vite ; chez d’autres, elles apparaissent seulement à la naissance.
« Le gros problème, c’est la crèche, observe Yves Hennequin. Ce n’est pas parce qu’ils sont deux que des jumeaux y sont prioritaires ! En fait, les directions des crèches se montrent plutôt réticentes. Elles connaissent le danger de prématurité : elles ont peur de bloquer deux places pour des enfants qui risquent de ne pas venir au moment prévu. Autre difficulté : en général, les crèches font une petite réduction, mais cela reste cher. »
… pour déjà s’organiser
S’OR-GA-NI-SER : cela deviendra, pour vous, parents, la tâche principale des toutes premières semaines après la naissance. Précision : vous, le papa, serez tout de suite impliqué au maximum.
L’expérience le montre : s’informer dès maintenant, ça permet d’anticiper, de s’organiser à l’avance et de vivre les choses plus sereinement. N’hésitez pas à mobiliser déjà votre entourage proche. Vous craignez les mamies et papys mêle-tout ? Vous voulez ou pensez devoir tout assumer seuls ? Vous avez, au contraire, tout intérêt à « ouvrir les possibilités de coups de main adaptés », insiste le néonatologue. « C’est important que vous précisiez le plus tôt possible l’aide dont vous avez besoin : les courses, la cuisine, les lessives, etc. Pas spécialement que d’autres s’occupent de vos jumeaux ! C’est tout le reste qui devrait pouvoir être délégué. Idéalement, le premier rôle des proches, c’est l’intendance. »
Enfin, n’oubliez pas : si, pour l’heure, les questions viennent et reviennent avec plus ou moins de force, vous leur trouverez aussi des réponses en les vivant, vos questions ! Et donc avec la pratique…
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EN PRATIQUE
Help !
- Le soutien du législatif est limité. En cas de naissance multiple, le congé de maternité est allongé : il peut atteindre dix-neuf semaines (au lieu de quinze). Le congé de paternité, lui, reste inchangé : vingt jours.
Les parents de triplés ou plus ont droit à une aide spécifique dans les tâches quotidiennes. Infos auprès de la Maison d'enfants d'Actiris située à Molenbeek-Saint-Jean (02 563 21 90) pour les habitants de la Région bruxelloise et via le CPAS pour les habitants de la Région wallonne. Rien de semblable n’existe pour les parents de jumeaux. Ils peuvent néanmoins demander une aide à domicile auprès de leur commune ou de leur mutuelle. - L’Hôpital Érasme, à Bruxelles, propose des séances d’information spécifiques pour les futurs parents de jumeaux ou de triplés. Ces consultations individuelles, « à la carte », sont données par une sage-femme. Elles sont ouvertes à tout le monde, et donc même si l’accouchement n’est pas prévu dans cet hôpital. Infos et rendez-vous au 02 555 35 08.
- À ne pas négliger pour papoter, échanger, sortir de l’isolement : les nombreux groupes de (futurs) parents de jumeaux sur les réseaux sociaux.
- Pour le matériel de puériculture, les vêtements et jouets, pensez au seconde main. Et donc aux bourses de la Ligue des familles.
En attendant bébé