Crèche et école

5 questions sur le passage de la maternelle au primaire

Ça y est, votre petit·e n’est plus si petit·e. Depuis quelques jours, il/elle est sur le banc des grands, en 1re primaire. En classe ou après les heures de cours, ça change quoi « la grande école » ?

« Avoir sa plus grande qui entre en primaire, c’est tout de même bizarre ». Grande étape pour Morgane, Romain et leur aînée, Camille. « C’est une étape importante, excitante et, en même temps, ça fait un petit pincement au cœur de se dire qu’elle grandit si vite ! », réagit sa maman.

Camille, quant à elle, « se sent prête pour aller vers plus d’autonomie », nous dit Morgane. « Elle est demandeuse d’aller en primaire et d’apprendre des choses ». Devoirs, leçons et autonomie, de tous nouveaux mots pour les enfants de primaire.

► Sera-t-il/elle assis·e tout le temps ?

Ce n’est pas pour rien que le premier réflexe de Morgane et de son compagnon Romain a été d’acheter un bureau à Camille. Qui dit primaire, dit davantage de temps assis. C’est le plus gros changement entre les deux niveaux pour Martine Gilmard, institutrice en 1re et 2e primaire à Ciney depuis de longues années.

« On fait bien sûr encore des ‘ateliers’ comme en maternelle, mais on demande tout de même aux élèves de rester plus longtemps concentrés et assis. Même si on change d’activités assez souvent, ils doivent apprendre à lire, à écrire, à calculer. Les périodes de concentration sont donc plus longues. Ça peut être difficile pour l’enfant. Il faut être conscient que c’est un gros changement pour lui. On lui en demande beaucoup. »

« Mais l’enfant n’est pas assis toute la journée, ajoute Nathalie Stevelinck, institutrice à Perwez dans le Brabant wallon. Le modèle a évolué ces dernières décennies. On n’est plus dans le schéma où le maître transmet son savoir depuis son estrade, mais plutôt dans l’accompagnement de l’enfant en lui donnant ses apprentissages par des jeux, des ateliers, des histoires, des petits défis. »

Si la situation est différente dans toutes les écoles, dans la classe de Nathalie en tout cas, l’enfant bouge, a le droit de quitter sa chaise. « Quand ils ont terminé leurs exercices, ils peuvent aller chercher un livre à la bibliothèque. Dans certaines classes, il y a des séances de ‘braingym’, des mouvements qui permettent de souffler et de se détendre. Chez nous, pas de place fixe. Il y a aussi des espaces avec des coussins ou des fauteuils. Et puis, ça s’est développé aussi avec le covid : on fait parfois classe dehors ».

► Que va-t-il/elle apprendre cette année ?

Les lettres et les chiffres ont remplacé les bricolages et les dessins sur les murs de la classe. Au programme en primaire, des concepts. Pour Nathalie, maman d’Aya, 7 ans, et Isaac, 6 ans, qui entre en 1re cette année, c’est le changement majeur : « En maternelle, ils jouent. En primaire, ils apprennent ».

Pour Charlotte Hortebise, institutrice primaire à Fauvillers dans la province du Luxembourg, « on passe d’un apprentissage basé sur le concret et la manipulation à un apprentissage peut-être un peu plus abstrait. Le français, les mathématiques, ce sont des codes ».

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Pour s’adapter au mieux à ce changement, l’institutrice travaille de manière très progressive. « Par exemple, on compte encore les objets (concret) et puis, petit à petit, on les additionne (abstrait) ».

Au programme de cette année : les nombres jusque 20, les additions, les soustractions et parfois le début de la multiplication en fin d’année, les grandeurs comme les mètres, les centimètres, mais aussi les litres, etc., les figures, l’heure pile, les notions de futur, passé et présent en histoire, la différence entre ville et campagne en géographie et, bien sûr, l’écriture cursive (« en attaché ») et les premiers pas de la lecture : les sons.

► Doit-il/elle commencer à savoir lire en arrivant en primaire ?

Non. Apprendre à lire, c’est vu comme le gros objectif à atteindre à l’entrée en primaire. « Bien souvent, les parents, même inconsciemment, mettent une pression énorme sur cet aspect. Ils ont énormément d’attente sur les apprentissages, a remarqué Nathalie Stevelinck. Je leur dis souvent de lever le pied ».

Certains parents se mettent la pression pour que leur enfant sache lire en arrivant en 1re primaire. « Il y a une émulation entre eux. Ils veulent bien sûr le meilleur pour leur enfant et s’ils entendent que le fils d’untel sait déjà lire, ils vont vouloir l’apprendre au leur aussi. C’est quelque chose de très négatif. Les théories sur l’apprentissage montrent que la comparaison n’apporte rien de bon ».

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Certains enfants ont une curiosité naturelle pour les lettres, d’autres pas. Chacun son rythme. Chez Marie, par exemple, sa petite Chloé sait écrire certaines lettres et lire un petit peu, « non pas parce qu’on lui a appris nous-mêmes, mais parce qu’elle aime ça », raconte la maman. D’autres enfants seront davantage intéressés par les vers de terre ou les étoiles. Chacun son truc.

« Chaque enfant parle, marche, a eu sa première dent à un moment différent. C’est pareil pour la lecture, répond Nathalie Stevelinck. Nous, en tant qu’enseignant·e·s, on donne les clés pour savoir lire. Ensuite, le déclic se fait à des moments différents. C’est beau à voir, c’est assez magique. Ce sera en décembre pour certains, en mai pour d’autres, voire en début de 2e primaire. »

Ce que le parent peut faire, en revanche, c’est donner le goût de la lecture, ajoute Martine Gilmard. « Qu’on leur lise des histoires sur des thèmes qui les passionnent, certain·e·s repéreront alors déjà certaines lettres présentes dans leur prénom ».

► A-t-il/elle des devoirs ? Dois-je l’accompagner ?

Si les instits déconseillent de mettre une pression sur l’enfant pour savoir déjà un peu lire en arrivant en primaire, elles nous disent en revanche d’accompagner cet apprentissage tout au long de l’année. Les élèves vont recevoir des feuilles de sons à lire à la maison, mais pas question d’appeler cela des devoirs.

« Il est normalement interdit de donner des devoirs en 1re et 2e primaire, rappelle Charlotte Hordebise. La seule chose que l’on peut faire, c’est mettre en pratique une chose vue en classe. En première année, c’est beaucoup de lecture. Pour moi, on travaille en coopération avec le parent. J’aime aussi alterner avec les nombres. »

Une collaboration dont Nathalie, la maman d’Isaac et Aya, se souvient très bien quand sa plus grande est entrée en primaire et s’attend à retrouver cette année pour Isaac. « J’ai le souvenir que, tous les soirs, il fallait travailler dix à quinze minutes à la maison. On avait un livre avec des bouts de mots ‘bim bam bom’, ‘map mep mop’. Et ça, par trois pages. Ça a été un investissement pour moi et pour ma fille. Plus qu’en maternelle ».

Et Nathalie Stevelinck, notre institutrice brabançonne, d’ajouter : « Si c’est trop dur, on arrête. Pas plus de vingt minutes. On ne se prend pas la tête. Et si vous n’arrivez pas au bout, vous mettez un petit mot à l’instit. Pas de honte à ça. Et surtout ne pas faire le travail à la place de l’enfant ».

Hormis la lecture, nos institutrices conseillent de laisser faire leurs « devoirs » seuls, car c’est aussi un grand changement entre maternelle et primaire : l’autonomie.

► Mon enfant va-t-il devoir se débrouiller tout seul ?

Gérer sa mallette, son plumier, ses fardes et son banc : là encore, c’est un grand pas en avant. « On ne câline plus, on ne materne plus l’enfant, a remarqué Nathalie, notre maman bruxelloise lors du passage d’Aya de maternelle à primaire. J’ai trouvé que l’enfant était beaucoup plus individualisé. Il a son banc, ses affaires. Il a sa place en classe contrairement à la maternelle où il vagabondait en fonction des activités ».

Un passage vers davantage d’autonomie qui se fait petit à petit, explique Charlotte Hordebise. « On installe des petits tutoriels en classe pour que l’élève puisse faire référence à ce qui a été travaillé, pour qu’il connaisse le programme de la journée. Il doit pouvoir se gérer, gérer son matériel, savoir au fur et à mesure que pour faire tel exercice, il faut tel outil. Il le sait sans que madame le lui dise à chaque fois. C’est le plus grand service que l’on peut rendre à l’enfant : le rendre autonome ».

Et de faire remarquer que, là aussi, un enfant n’est pas l’autre. « On n’y arrive pas à chaque fois tout de suite. Les enfants mûrissent à des moments différents et on n’a aucune emprise là-dessus ».

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