
« Ton père et moi, on est d’accord… »
Et ce mieux change de jour en jour… Car parler clair, ne rien prendre personnellement ou ne pas émettre de suppositions, ce sont des efforts vers lesquels on tend. L’idée générale, c’est de réaliser ce qui est possible aujourd’hui. Vous ne pourrez pas faire le bonheur de tous, vous n’êtes pas celle ou celui qui va tout réparer. Rappelez-vous que votre responsabilité première, c’est que ce nouveau couple que vous avez créé fonctionne. C’est le secret le mieux gardé : face aux mises à l’épreuve, formez une équipe solide, présentez toujours un front uni, faites sentir votre alliance parentale. Soyez stables.
« À l’adolescence, il y a eu des moments un peu plus difficiles, pour tous. Nous sommes restés soudés face à des ados en rébellion »
Clotilde, maman de Alizée, Jared et Éloïse, 10, 17 et 23 ans, belle-maman d’Isabel, 24 ans
« À la fin, je rêvais que Louise vive exclusivement chez sa mère. C’est ce qu’elle a fait, mais… quand j’ai divorcé de son père ! »
Sarah, maman de Maïté, 6 ans, belle-maman de Louise, 19 ans
« Il faut aussi garder à l’esprit, même si ce n’est pas toujours évident, que nous sommes les adultes et que, face à nous, c’est un enfant ou un ado qui n’a rien demandé et qu’il faudra donc composer »
Lucien, beau-père de Ghiulia et Sarah, 12 et 15 ans
« Ah, la table de la salle à manger ! Si elle pouvait parler, elle en aurait des choses à raconter ! Table pour les repas, d’accord. Et d’office, table de négociations ? Je n’en suis pas sûre. Des années après, ma plus jeune belle-fille m’a expliqué combien cette fameuse table de son enfance, elle l’avait détestée, rejetée, tant elle était liée au divorce compliqué de ses parents. Chaque fois qu’on se mettait à table, elle appréhendait les disputes avec son père. Alors, oui, les repas peuvent être un bon moment pour discuter en famille (recomposée) de tout et de rien, et donc des problèmes des uns et des autres. Mais pas systématiquement ! »
Oriane, belle-mère de trois grands ados
► « D’emblée, vous serez confrontés aux conflits de loyauté des enfants » Mireille Pauluis, psychologue
Il faut avoir confiance. Quand on est des parents de la recomposition, d’emblée, on est confrontés à la loyauté des beaux-enfants, qui ont du mal à accepter que quelqu’un d’autre prenne la place de leur parent. Cela demande énormément de patience d’accepter et de se rappeler qu’on n’est « que » le beau-parent.
Le plus dur, c’est d’être la marâtre, c’est vrai, et ça dépend aussi de l’âge des enfants. Ce qui se joue inconsciemment, c’est la dynamique œdipienne, qui est très puissante, surtout quand le parent n’a pas eu de conjoint·e pendant longtemps. L’enfant se sent comme la femme ou l’homme de la maison, et vous n’êtes pas bienvenu·e, surtout auprès des grands ados. Et c’est plus compliqué pour les femmes de leur faire accepter qu’elles continuent leur vie.
Le couple va être la cible d’attaques, il faut que le parent biologique explique l’importance de son nouveau couple : « Voici la personne que j’ai choisie ». Il faut être clair sur la solidité de son couple, sur sa vision commune. Présenter un front uni est important, mais il faut aussi s’organiser pour privilégier des moments particuliers avec ses propres enfants.
Chaque parent devrait aménager un temps spécial pour les retrouver : manger ensemble le mercredi midi, aller au cinéma, à la piscine... Dans les cas où tous les enfants arrivent en même temps, s’il y a alternance d’hébergement, conservez un jour ou deux où ils peuvent être seuls « sans les autres ». N’oubliez pas que les enfants en ont vraiment besoin : c’est une épreuve difficile pour eux, il faut pouvoir se mettre à leur place. Enfin, ne précipitez pas les présentations : comment voulez-vous que les enfants fassent confiance à un nouveau couple, alors que celui de ses parents vient à peine de se terminer ?
A. K.
Quelques pistes d’action
- Ne laissez pas les enfants prendre le pouvoir : ne cédez pas systématiquement face aux agressions ou aux chantages affectifs et soutenez les décisions de l’autre parent.
- Accordez-leur une véritable attention, intéressez-vous sincèrement à ce qui leur arrive.
- Soyez stable, fiable et constant·e, aussi prévisible que vous le pouvez.
- Évitez de manifester trop ouvertement votre affection devant les enfants : cela les perturbe et peut même les choquer.
- Observez votre attitude : leur accordez-vous le même respect que celui que vous demandez ?
- Soyez aimable et courtois·e avec le parent biologique : c’est une façon d’arrondir les angles.