Vie pratique

Des affinités peuvent exister entre grands-parents et petits-enfants. Et cela désarçonne souvent les parents. Mais avoir des affinités avec certains petits-enfants ne signifie pas rejeter les autres, voire les aimer moins ! Qui dit affinités ne dit pas préférences et rejets. Aimer, c'est encore autre chose.
Le temps des fêtes et les jours de vacances qui suivent sont des moments particuliers pour beaucoup de grands-parents. Ce sont des occasions de beaucoup de sollicitations de la part des enfants et petits-enfants : gardes plus ou moins importantes, navettes étonnantes, séjour avec l'un ou l'autre. D’autres grands-parents, au contraire, voient peu leurs petits-enfants, pris par toutes sortes d’activités : ateliers, stages, vacances parfois doubles quand les parents sont séparés.
Dans ces moments-là, certains grands-parents apprécient tout spécialement d’être avec l’un ou l’autre de leurs petits-enfants… tout en se demandant s’ils ont le droit de préférer voir débarquer cet enfant-là plutôt que son cousin. Mais ce sont le plus souvent les parents qui reprochent aux grands-parents d’avoir des préférences et de toujours inviter le (ou les) même(s) enfant(s).
Atomes crochus
Plutôt que de parler de préférences, peut-être est-ce plus intéressant et plus juste de parler d'affinités. Tous les grands-parents et tous les enfants n'ont évidemment pas les mêmes intérêts ni les mêmes goûts. Il y a des grands-mères qui adorent faire de la pâtisserie avec les petits, d'autres qui préfèrent de loin bricoler ou aller visiter des musées. Il y a des grands-pères jardiniers, sportifs, érudits, bricoleurs. Certains grands-parents encore jeunes adorent voyager avec les aînés parmi leurs petits-enfants. D'autres, au contraire, sont devenus un peu vieux et se retrouvent dans l'impossibilité de suivre le rythme des tout-petits qui courent partout.
Certains petits-enfants aiment mieux jouer aux cartes que monter aux arbres, d'autres adorent la musique ou la peinture. Côté tempérament, il y a des bavards, des jouettes, des calmes, des turbulents. Il y a des enfants qui passent des heures à regarder des livres ou à dessiner calmement et d'autres qui ont besoin de courir derrière un ballon dans un jardin ou un parc sous peine de mettre le salon des grands-parents à sac.
Dans des conditions si variées, difficile de parler de préférences. Ce n'est pas parce que des grands-parents ont du plaisir à partager certaines activités avec des enfants qui ont les mêmes goûts qu'eux qu’ils préfèrent ces enfants-là. Ce n'est pas pour cela non plus qu'ils aiment moins leurs autres petits-enfants.
Conflits d’hier, tensions d’aujourd’hui
Cependant, il arrive que certains grands-parents ne s'intéressent qu'à un ou deux de leurs petits-enfants, souvent les aînés de la famille. Ce désintérêt pour les autres blesse souvent les parents et parfois les enfants. Les différences se marquent parfois aussi entre les enfants de la fille ou du fils, comme s'il fallait d'abord tenir compte d'une famille avant une autre : « Je ne peux pas prendre tes enfants, tu comprends, j'ai ceux de ta sœur ce week-end-là ». Et c'est toujours dans le même sens !
Ces situations sont vécues comme injustes et génèrent beaucoup de tensions auprès des jeunes parents. Tout cela devrait pouvoir se discuter entre adultes, mais comme c’est bien souvent le signe de vieux conflits larvés, c’est difficile. Il y a des familles où les rivalités normales entre enfants n'ont jamais pu être gérées, des familles où, pour diverses raisons, certains enfants ont eu une place privilégiée. À l'âge adulte, ces rivalités et conflits risquent de resurgir à l’occasion des liens avec les petits-enfants.
Qu'en pensent-ils, les petits-enfants ?
Ce sont les petits-enfants qui sont les premiers intéressés. Car ne pas se sentir le bienvenu chez ses grands-parents ne donne aucune envie d'y aller. Ou être obligé d'y aller pour un soi-disant équilibre entre les différentes branches de la famille n'a vraiment rien de plus réjouissant. Les enfants vivent mal ces préférences, alors qu'ils acceptent bien les affinités. Et s’ils ne sont pas les bienvenus chez Mamy ou Papy, mieux vaut les inscrire à un stage qu’ils peuvent choisir ou passer quelques jours chez une copine ou un cousin du même âge.
Côté parents, si les visites chez les grands-parents sont une obligation - ah, la corvée du dimanche ! -, les petits-enfants risquent de vivre comme une corvée aussi leurs visites et séjours chez les grands-parents. Et si ces derniers ne sont contactés que quand on a besoin d'eux, difficile d'être accueillants dans de telles conditions.
Les parents rêvent pour leurs enfants que la maison de Mamy et Papy soit un lieu de paix, de tendresse qui sent bon la confiture et le chocolat chaud. C’est souvent le cas. Ils rêvent aussi - et mettent souvent ce rêve en pratique - que la grand-mère ou le grand-père soit le dépannage tout trouvé en cas de maladie du gosse, de congés intempestifs ou non. C’est souvent le cas pour le plus grand bonheur des grands-parents, pourvu que ceux-ci, de peur de dire parfois non, ne deviennent corvéables à merci.
Alors ? Alors, si vous avez besoin d’un coup de pouce en ces vacances de Noël pour garder l’un ou l’autre de vos petits bouts, pensez que la petite Joséphine se sentira très bien avec la grand-mère Yvonne et que votre diable de Gaspard sera plus proche du grand-père Yves, prêt à faire un 100 mètres avec lui. Question d’affinités. Tenez-en compte !
Mireille Pauluis