Développement de l'enfant

Vous avez beau l’aimer plus que tout ce qui vit sur cette planète, votre petit vous fait régulièrement sortir de vos gonds : il perd tout. Vous redoublez de recommandations, vous placardez des post-it partout, rien n’y fait ! Gageons qu’à la lecture de cet article qui regorge de conseils de parents avisés et de l’expertise de la psychologue Mireille Pauluis, vous allez trouver la clé du précieux sésame qui va vous ouvrir les portes d’un monde où les moufles font la paire.
Dans sa chambre, à l’école ou dans un parc, partout où votre enfant est passé, traîne quelque part un jouet perdu ou un bonnet égaré. Vous pensez avoir tout essayé ? Alors lisez ce qui suit. Une bonne dizaine de parents vient vous prêter main forte. Tous sont passés par ce stade que vous traversez actuellement, celui qui mêle une pincée d’énervement, un soupçon d’agacement, une louche de renoncement, un demi-litre de remise en question.
Il est quand même important de prendre cela au sérieux, les enjeux pour la suite sont importants. « En les aidant à faire plus attention, ils apprennent à respecter les objets qui leur appartiennent. Ce n’est pas mal qu’ils réalisent qu’ils ont la chance de les posséder. Pour plus tard, cela peut limiter l’hyperconsommation et inculquer des idées anti-gaspillages », explique Mireille Pauluis.
CEUX QUI MONTRENT L’EXEMPLE
De 6 à 8 ans
Nathalie, maman de Sarah, 6 ans : « Comme un jeu »
Ma fille est une tête en l’air. Je ne peux pas lui en vouloir : moi-même, j’oublie tout. Tout a changé le jour où j’ai commencé à m’habiller avec elle, au même rythme. À chaque étape, je précise le nom du vêtement et j’explique bien les nuances : un polo ou un T-shirt, un baggy ou un treillis, par exemple. À partir d’un moment, je m’amusais à mettre mon pantalon en haut et mon T-shirt en bas. Elle me faisait remarquer mes erreurs, je lui demandais alors de m’aider à m’habiller et, petit à petit, elle a commencé à faire attention. Quelques jours plus tard, elle me montrait ses vêtements qu’elle appelait par leur nom exact, une façon de me dire qu’elle ne les avait pas égarés. Et depuis, plus aucun oubli.
Fabienne, maman de Lola, 6 ans, et Yann, 8 ans : « Mieux ordonnée »
Je n’arrêtais pas de me plaindre parce que mes deux enfants ne revenaient jamais avec toutes leurs affaires. Le plus grand a même réussi à perdre son slip ! Ne me demandez pas comment… Un jour, j’ai levé la tête et j’ai réalisé à quel point j’étais moi-même bordélique. J’ai donc commencé un important effort d’organisation. Et c’est loin d’être dans ma nature. Depuis que je fais plus attention, comme par enchantement, les choses sont en ordre. Il y a moins d’oublis à l’école, ils ont appris à ranger et ils sont plus précautionneux avec leurs affaires.
Delphine, maman de Joséphine, 8 ans, et Élias, 4 ans : « J’opte pour le pratique »
Vous avez remarqué que ce sont toujours les trucs un peu chers ou de grande valeur affective qui se perdent en premier ? Du coup, j’ai opté pour une solution lumineuse. Vêtements simples, pratiques et résistants à tous les étages. C’est moins beau, mais je ne me complique plus inutilement la tâche et c’est vraiment plus commode pour mes enfants.
De 8 à 11 ans
Alexis, père de Gabriel, 9 ans : « En chanson »
J’ai trouvé un truc super qui fait un peu cucul dit comme ça, mais qui marche. J’invente une chansonnette ou une comptine sur un air connu, genre les airs de La reine des neiges ou Frère Jacques, par exemple, dans laquelle on énumère tous les objets auxquels Gabriel doit penser. Un jour, il m’a avoué qu’il avait la chanson dans la tête pendant la journée et ça l’a aidé. En revanche, je n’ai aucune solution pour ce qui disparaît dans la chambre !
CEUX QUI RESPONSABILISENT
De 6 à 8 ans
Thérèse, maman de Daryl, 6 ans : « Dites-le avec des chiffres »
Avec Daryl, on compte tout. Les aliments dans l’assiette, les jouets dans le bain et tout ce qu’il amène à l’école. Une boîte à goûter, un jouet, une écharpe, un sifflet. Il me montre avec ses doigts qu’il y en a quatre. Il doit donc ramener quatre choses à la fin de journée. Ça marche, sauf que, parfois, il se trompe d’écharpe ou de boîte à goûter. Au moins, il ramène tout, on n’est pas loin du but…
De 8 à 11 ans
Sébastien, papa de Léon, 11 ans, et de Constance, 4 ans : « Chantage au porte-monnaie »
Léon a commencé à devenir négligent au moment de la naissance de sa sœur. On en faisait un drame. Et puis, un jour, nous avons cessé de prendre en charge ses oublis. C'est-à-dire que nous avons arrêté de courir à l’école, de récupérer les affaires égarées et tout le jeu de piste qui va avec. Nous lui avons dit : « Tu perds, tu assumes, t’es un grand. On ne rachète rien ». Aucune amélioration. On a menacé de compenser les pertes avec son argent de poche, pour remplacer des éléments perdus. Et très vite, tout est rentré dans l’ordre.
Marie, maman de Charles, 9 ans, et Auguste, 7 ans : « Je suis repartie de zéro »
J’ai procédé par étapes avec mon Charles. Première chose, avant qu’il se lève, je disposais ses vêtements dans un ordre logique afin qu’il les visualise bien. Des sous-vêtements à l’écharpe, en passant par le sac à dos et son contenu. Il associe le tout, le voit puis le mémorise. Ensuite, je l’ai réveillé un peu plus tôt que les autres membres de la famille pour lui permettre de s’habiller et de rassembler ses affaires. Enfin, je lui ai installé un réveil afin qu’il apprenne lui-même à gérer son temps. En gros, je suis repartie de zéro pour lui réapprendre à être autonome. C’est en cours d’expérimentation, mais j’y crois à fond !
CEUX QUI S’ADAPTENT
De 6 à 8 ans
Luc, père de Sophia, 6 ans, et Mina, 4 ans : « Je tague partout »
Avec mes deux petites, je suis devenu un vrai tagueur. Je marque toutes les affaires au feutre indélébile. Je dessine des cœurs sur les boîtes à goûter (Bah oui, j’aime mes filles). Cela les aide à les retrouver en cas d’affaires similaires. Vu que l’on a tous les mêmes produits « Made in China », c’est mieux. Je mets aussi des gros points ou encore des cœurs à l’intérieur des chaussures afin de donner un repère pour ne pas confondre gauche et droite.
Isa, maman de Anna, 7 ans, et de trois grands enfants : « La méthode la plus ajustée »
Je n’ai pas connu ça avec les grands, mais avec Anna, c’est le carnage. Tout ce qui passe entre ses mains disparaît. Sa chambre ? Le triangle des Bermudes. On a essayé mille trucs, rien n’y fait. Puis, un jour, chez une amie, je vois une liste des pipis et cacas sur le frigo. Et là me vient l’idée : un tableau sur lequel j’inscris tous ses succès. La chambre (à peu près) ordonnée : une étoile. Les affaires rapportées de l’école : un soleil. Les manteaux, bottes et bonnets bien rangés à la maison : un arc-en-ciel. Un oubli : un éclair. En fait, ça paye très vite. Il suffit juste de trouver la méthode la plus adaptée.
De 8 à 11 ans
Cyril, père d’Émilie, 11 ans : « Il faut que ce soit amusant »
Je n’ai pas de leçon à donner à Émilie et ça ne m’a jamais vraiment causé de tracas qu’elle perde des trucs, c’est de son âge. Parfois, je me sers même à l’école dans les affaires qui traînent, comme d’autres l’ont fait avant moi avec les affaires de ma fille. Oui, c’est pas bien ! Un jour, je me suis rendu compte qu’elle en avait marre et que ça la stressait, tous ces oublis. Alors, je lui ai dressé une petite liste à coller sur son bureau en classe, avec des images rigolotes pour pas que ce soit trop formel. Comme ses copains voulaient savoir de quoi il s’agissait, on a trouvé des listes codées avec des post-it de couleurs. Elle est contente parce que ça la structure et en plus ça décore son bureau.
Petits trucs, grands touts
Comme les témoignages le montrent, tout passe par une prise de conscience de votre petit. Pourquoi ne pas l’impliquer au moment de l’achat, lui expliquer le coût des choses. Voire même pour les plus grands, leur confier une sorte de petit budget qu’ils vont gérer eux-mêmes.
Autre enseignement à tirer de ces témoignages, il semble assez important d’apprendre à la prunelle de vos yeux à s’habiller seul. Comme le conseille Delphine, les objets de valeur n’ont pas leur place dans l’enceinte scolaire.
Enfin, Luc n’est certainement pas le seul à le remarquer, les affaires s’uniformisent. Combien de boîtes à lunch identiques, de manteaux copies conformes sortis tout droit des usines du Bengladesh. Personnalisez donc les affaires et pour les petits qui ne savent pas encore lire, ajoutez des dessins, des lettres rigolotes, des symboles mignons… Retombez un peu en enfance, on a beau grandir, on reste toujours à hauteur du cœur. Il ne s’égare jamais, lui.
Yves-Marie Vilain-Lepage
L’avis de l’expert
Mireille Pauluis, psychologue
Il faut bien comprendre qu’il est difficile pour les enfants de penser à tout. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire. Les différents conseils des parents sont judicieux. Pour ma part, je multiplierais les nominettes en inscrivant plutôt un numéro de téléphone qu’un nom. C’est plus pratique pour retrouver les affaires.
Les plus petits n’ont pas les compétences pour être responsables de toutes leurs affaires. Les moyens mnémotechniques ou les comptines, comme propose Alexis, sont donc parfaitement adéquates. Par contre, il est important de responsabiliser les plus grands. Il ne ramène pas ses affaires de l’école ? Qu’il retourne les chercher. Et évidemment, je partage l’avis de Delphine, je suis contre les vêtements très chers, c’est moins dramatique quand on les perd.
Tous ces témoignages expriment une idée que je trouve juste : trouver les trucs en fonction de l’âge de l’enfant. Il ne faut pas en demander trop, trop tôt. Je suis assez favorable aux idées qui favorisent la responsabilité de façon ludique. On peut faire des listes en concertation avec son enfant, « comme un pilote d’avion ». Et n’oublions pas… les parents oublient eux aussi !