Développement de l'enfant

La valeur relative du bon conseil

Fin août, nous déposions ceci sur nos pages Facebook et Instagram : « Quels sont les deux meilleurs conseils que votre entourage vous ait donnés lorsque vous étiez jeune parent ? ». Vous avez été plus d’une centaine à nous répondre. La psychologue Reine Vander Linden a pris connaissance des conseils plébiscités. Elle les commente. Sans tabous.

► « Il faut te fier à ton instinct ! »

Ah, l’instinct ! Le problème, c’est de savoir si l’on peut en faire quelque chose de cet instinct. Ce conseil a sa part de justesse. Mais il faut savoir que s’il y a des parents qui n’ont pas de mal à suivre leur instinct, d’autres seront toujours dans la remise en question. Ces deux comportements sont liés au fait de pouvoir se recentrer sur soi-même ou pas. Certains sont moins capables de cela, ils vont intellectualiser, douter de leur propre ressenti. Par contre, il y a des parents qui sont plus à même de repérer et de suivre leurs intuitions. Faire selon son instinct, ce n’est pas forcément la première option pour tous.

 ► « Il faut te faire confiance ! »

On rejoint la capacité d’être à l’écoute de ses intuitions. Ce qu’on remarque, c’est que les expériences de naissance sont très fondatrices dans la vie des parents, surtout de la mère évidemment. J’ai ainsi reçu dernièrement une maman en consultation qui vit des choses très difficiles avec son enfant, une maladie lourde qui demande des tests, de l’attention, de l’énergie. Je lui communiquais mon admiration pour la confiance qu’elle affichait et qui lui permettait de surmonter ses épreuves. C’est là qu’elle m’a dit : « C’est grâce à l’accouchement, ça s’est tellement bien passé que j’ai eu l’impression que tout était possible. J’avais réussi une belle grossesse, un bel accouchement et ça m’a donné une confiance extraordinaire ».
L’exemple opposé existe. Si le père ou la mère en plein stress dit : « Je flippe, j’ai la trouille », cet appel à la confiance ne servira pas à grand-chose. Parce que cette trouille, fondamentalement elle vient de quelque part. Ce n’est pas un simple conseil qui va changer la donne.

►« Fais confiance à ton bébé »

Ça, c’est peut-être une affirmation plus « juste ». C’est un vrai partenariat parent-enfant qui s’exprime. Certains éduquent à distance sans prendre conscience de ce qui se passe chez leurs enfants. Ils les cantonnent dans le rôle d’un être ultra fragile, à qui les pires choses peuvent arriver. Dans ce cas-là, c’est difficile d’envoyer à son enfant des messages qui disent « Vas-y, je t’accompagne. » Faire confiance à son bébé, c’est un bon début.

► « Laisse parler ton cœur »

Hum, là, on est plus dans l’émotionnel et c’est un peu plus dangereux. On est dans le « Oh, j’ai peur, je suis inquiète ». Laisser parler ce que l’on ressent, je trouve ça plus juste. « Je me sens inquiète : je file chez le pédiatre. Je me sens énervée : j’essaye de retrouver ma tranquillité, je gère ». Dans « cœur », il y a une dimension émotive qui peut être néfaste, aveuglante, si la raison, la sérénité ne viennent pas la contrebalancer.

► « Il n’a pas besoin d’une mère parfaite, mais de la mère que tu es, toi »

Oui, ça, c’est chouette, mais, de nouveau, tout dépend de l’oreille dans laquelle ça va tomber. Et du contexte. Si une maman complètement paniquée est face à une sage-femme, un peu mégère, et que celle-ci lui dit rapidement : « Faites-vous confiance », cela fera office de pétard mouillé. Par contre, si un lien assez fort s’est tissé entre cette maman aux abois et une sage-femme qui l’a accompagnée en toute bienveillance, ce même message aura des répercussions tout autre. Des mots aussi basiques, dits à la sauvette, n’aideront pas une maman dans un état de détresse. C’est valable pour tous les conseils.

► « N’écoute pas les conseils que tu ne sollicites pas »

C’est vrai qu’il faut parfois lutter contre l’overdose. Le problème, c’est que, généralement, une maman anxieuse va provoquer, un peu malgré elle, un feu nourri de conseils. Parce que les gens veulent l’aider. Ça part d’un bon sentiment, certes, mais ça génère du bruit autour de la mère qui n’est pas en mesure de recevoir ces avis. Ceux-ci vont faire flop, la maman en stress va se dire : « Mais à qui je peux me fier, rien ne marche ». Ce dont elle a besoin, c’est simplement d’un peu d’espace pour respirer. Mais généralement, c’est l’inverse. La belle-mère y va de son truc, la tante de son machin… C’est terriblement anxiogène.

La question

Comment évaluer la valeur d'un conseil ?

« Fondamentalement, un conseil n’a jamais de valeur en soi. Il a de la valeur lorsqu’il est replacé dans une relation. Le contexte et le dispensateur ou la dispensatrice du conseil sont intimement liés à qualité que va représenter ce conseil.
Au-delà de ça, il faut rassurer en disant : ‘Écoute, on va regarder une chose à la fois et, de toute façon, tu vas y arriver, toutes les mères y arrivent’. Je pense que quand une mère reçoit un conseil de ce type, c’est plus soutenant. Le conseil ‘Fais-toi confiance’, je le répète, dépend vraiment du cadre dans lequel il est donné et par qui il est donné. Et aussi de l’état de la personne à qui il s’adresse. Le meilleur conseil, c’est un conseil qui est donné dans la bienveillance, dans le cadre d’une relation qui a du sens. » 

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