Crèche et école

Le stress, cet excellent stimulant

On ne vous pose pas la question, on le sait : en ce moment l'ambiance est studieuse à la maison. Ce qui ne va pas sans son lot de pression. Cette question du stress lié aux examens captive depuis de nombreuses années les chercheurs les plus prestigieux de par le monde. Ainsi, des universitaires américains ont démontré que l’anxiété qui précède les épreuves peut s’avérer à la fois nuisible et, paradoxalement, rendre plus performant. Pour mieux comprendre ce mécanisme, on parle de la question, calmement, avec Annaïck Cariou, psycho-clinicienne.

L'actu file, défile, le traintrain quotidien passe et repasse... et on en oublierait peut-être un léger petit détail : les révisions et le stress qui va avec. Tiens, attardons-nous sur ce stress. Si dans beaucoup de familles, école et pression sont intimement liées, tout est démultiplié déjà au moment des devoirs. Pourquoi ? À différents moments de la vie, une certaine pression se fait ressentir. Voyons avec notre psy comment tout ce stress cumulé année après année peut servir de carburant. Sans le magnifier, ni même inciter à l’alimenter, il est possible d'en retirer une certaine force. Bon à savoir, quelques jours avant le premier coup de sifflet.

À chaque fois que l’on aborde la question des examens, se présente la question du stress. Est-ce une combinaison nécessairement inévitable ?
Annaïck Cariou : « Oui. Qui dit performance, dit pression. Il existe une triple pressurisation chez un·e élève : la sienne, celle de l’école et celle des parents. Évidemment, tout le monde ne réagit pas de la même manière. Ces formes d’angoisse revêtent une dimension à la fois physique, psychique et émotionnelle. Je pense qu’il est obligatoire de maintenir un niveau de stress au moment des examens. L’adrénaline permet d’avancer plus vite, d’être plus efficace, d’avoir plus de mordant. Toutefois, trop d’anxiété peut aller jusqu’à mettre en péril l’équilibre de la santé. De fortes angoisses, trop souvent répétées tout au long de l’année, peuvent s’avérer nocives. Il est préférable de se faire aider dans ce genre de situation dès que l’on se sent débordé. Mieux vaut consulter pour de petites choses qu’une fois qu’il est trop tard. »

Est-ce qu’il existe un procédé pour gérer cette pression liée aux épreuves ?
A. C. : « Bien sûr. Pour commencer - on ne le répétera jamais assez -, il est important de soigner son hygiène de vie. C’est-à-dire s’alimenter correctement, s’hydrater, bien dormir et ne surtout pas avoir recours aux dopants. Il faut aussi savoir s’aménager des pauses. N’hésitez pas à aérer vos enfants, à les balader, à leur octroyer des petits plaisirs. Qu’ils révisent avec quelques amis. Le travail en groupe est un excellent stimulant. Il permet de renforcer la confiance en soi. Lorsque je travaillais en centre médico-psychologique avec des ados, je leur enseignais des méthodes de relaxation (voir encadré). Il s’agit de simples petits exercices. Ils peuvent essayer de se vider l’esprit, respirer par l’abdomen, puis identifier leurs émotions et tenter de mettre un nom dessus afin de comprendre ce qu’il se passe. Le stress, les angoisses, d’accord. Mais par quoi est-ce animé ? Par la peur ? Par la colère ? Par l’envie ? Où est-ce que ça situe physiquement ? Qu’est-ce que l’on en fait ? Etc. »

Les épreuves orales provoquent beaucoup d'appréhension chez nos enfants. Un conseil ?
A. C. : « Les épreuves orales sont souvent perçues de la part des élèves comme un duel. Pour eux, il s’agit d’un échange frontal. À la différence de l’écrit, on a une conscience immédiate du déroulement de la situation. On ne bluffe pas avec le stress. Un candidat qui se présente face à un examinateur et qui n’a pas une attitude naturelle peut générer des tensions. Mieux vaut se montrer transparent. Vous avez peur ? Dites-le. Vous tremblez ? Montrez-le. En général, cela a pour conséquence de détendre le jury. Encore une fois : respirez, calmez-vous, ne parlez pas trop vite, prenez votre temps. Soyez concis, ne partez pas dans des grandes phrases. Je suis intervenue dans des classes préparatoires pour aider les étudiants à gérer leur stress. À la fin du module, beaucoup sont venus me remercier, mais aussi me faire part de leur désarroi : ‘Pourquoi n’enseigne-t-on pas tous ces réflexes plus tôt ? Ils ont un impact capital tout au long de la vie’. Je suis bien d’accord avec ces jeunes. Et je trouve que la question mérite d’être posée. »



Yves-Marie Vilain-Lepage

En pratique

Relax, Max !

Bon, excellent stimulant peut-être, mais ne faisons pas de nos petit·e·s des êtres névrosés, biberonnés aux angoisses. Et plus que jamais pendant les périodes d’exams, il existe des tas de petits trucs pour se détendre. Vous avez certainement, chers parents, plein de petits trucs. Mais s’il vous en manque, voilà de quoi trouver l’inspiration :

► Comme le dit notre psy, montrez-lui qu’une série de respirations abdominales lui fera le plus grand bien.
► Invitez-le à fermer les yeux et à penser à un paysage qu’il aime tout particulièrement.
► Aidez-le à organiser son travail : planifiez avec lui les révisions, discutez du sens de la leçon avant qu’il ne l’apprenne bêtement par cœur, apprenez-lui à retenir des mots-clés qui jouent le rôle de pense-bête.
► Est-il auditif ? Visuel ? Incitez-le à trouver sa propre façon de travailler.
► Sa méthode n’est pas du tout la vôtre mais elle est efficace ? Déstressez-vous et acceptez - eh oui ! - que votre rejeton ne vous ressemble pas nécessairement.

À lire

Cette relation stress-école vous intéresse ? Le Ligueur a rencontré Patrice Huerre, pédopsychiatre, qui aide les parents à relever les multiples défis, pressions et angoisses qui évoluent au fil de l’enfance et de l’adolescence dans une interview passionnante. À redécouvrir ici Enfants et parents à l’école du stress.

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