Développement de l'enfant

Au-delà des théories du genre, il y a des réalités de terrain : filles et garçons n’ont pas le même comportement, notamment à l’école. L’explication serait-elle physiologique, psychologique ou éducative ? Ou les trois à la fois ? Quelques pistes de réflexion...
À la crèche, les bébés filles et les bébés garçons jouent ensemble. En 1re et même en 2e maternelle, c'est pareil. Mais en 5e et 6e, ce n’est plus tout à fait vrai. En grandissant, les distances s'installent et les différences émergent. Si à l'école primaire, les garçons et les filles jouent peu ensemble, en secondaire, l'adolescence pointant le bout du nez, l'intérêt pour l'autre sexe s’éveille et va aller grandissant. Les garçons vont rouler des mécaniques et les filles user de leurs charmes pour attirer l'autre sexe.
La récré par le trou de la serrure
On est en primaire, c'est la récré. Les enfants sortent en hurlant et se dispersent dans la cour en fonction de leurs affinités, de leurs projets. Les groupes s'organisent. Il y a ceux qui jouent au foot, ceux qui préfèrent touche-touche plus haut, ceux encore qui veulent jouer à la marelle. Et puis, il y a ceux mais surtout celles qui vont construire des scénarios, des « on disait que ». Parmi toute cette agitation, il y a toujours l’un ou l’autre enfant isolé, soit par choix, plus souvent par exclusion, ce qui entraîne souvent des conflits. Chez les filles, cela se traduit par des : « Si tu joues avec elle, tu n'es plus mon amie... » ou des commentaires peu sympas sur la silhouette ou la manière de s'habiller. Les garçons, par contre, règlent le plus souvent leurs conflits par une bonne bagarre. Cela veut-il dire que les garçons sont plus physiques? Et le coup de poing est-il plus violent que le coup de langue ?
Les garçons, c’est vrai, sont généralement plus physiques que les filles. Mais cela change. De plus en plus de filles préfèrent jouer au foot que bavarder avec les copines et, à l'inverse, les garçons ne sont plus nécessairement traités de mauviettes s'ils vont inventer des scénarios ou discuter avec les filles. Idem pour les loisirs ou les sports jadis réservés aux filles qui ne rebutent plus les gamins. Même dans le choix d’un métier, les choses semblent bouger, lentement, mais elles bougent. Des garçons se lancent vers des métiers généralement très féminins comme la puériculture et des filles choisissent les ciseaux à bois et les rabots de menuisier. Un mouvement qu’on ne peut qu’encourager
Donnée génétique ou résultat de l'éducation ?
Ça, c’est dans la cour de récré. Mais est-ce que l’histoire ne démarrerait pas plus tôt ? Dès la naissance, les bébés filles et les bébés garçons présentent des différences. Normal, ils sont programmés en fonction de leurs hormones. Mais cela n'explique pas tout. Les parents, déjà, ne sont pas les mêmes avec leur bébé fille ou leur bébé garçon.
« Je me souviens de mes deux fils qui sont devenus papas à quelques jours d'intervalle l'un d'une petite fille, l'autre d'un garçon, raconte une jeune grand-mère. Le premier dorlotait sa poupée, la mangeant de bisous, et l'autre faisait sauter, tourner son fiston dans tous les sens ! »
Et que dire de l'entourage et de l'environnement ? Si vous allez dans un magasin de jouets, vous verrez le rayon garçons avec des autos, des armes en tous genres. Du côté filles, ce sont les dînettes, poupées et autres équipements de parfaite petite maîtresse de maison. Quelques marques franchissent le pas et « dégenrent » leurs jouets ou leur présentation (certaines vont jusqu’à prendre le contrepied !), mais les choses évoluent franchement à petits pas (les marques « grand public » renforcent plutôt encore les clichés).
Ils grandissent en nous regardant
L'agressivité fait partie de l'évolution des enfants. Le bébé crie quand il a faim et apprend très vite à dire « non », à exprimer qu'il existe et cela jusqu’à son adolescence et bien après encore. Il va falloir canaliser ce besoin de mordre dans la vie, de prendre sa place. C'est tout le rôle de l'éducation, travail de longue haleine s’il en est ! L'enfant va apprendre à composer avec les autres, à les respecter, sans cela cette agressivité deviendra violence. La violence ne respecte pas l'autre, ne reconnaît pas le mal qu'elle fait à l'autre. Et la violence, qu'elle soit physique ou verbale, est toujours destructive.
Alors les garçons sont-ils plus physiques que les filles ? Est-ce inéluctable ? Chez nous, c'est en effet ce qu'on observe encore dans les cours de récré. Mais cela dépend de tellement de facteurs : les données de naissance, le patrimoine génétique, la question des hormones... Et à cela, il faut ajouter l'influence de la société, les coutumes, rites et habitudes de ce monde dans lequel nous vivons.
Mais il y a aussi nos valeurs de parents qui jouent un rôle prépondérant. Il y a ce que nous voulons transmettre à nos enfants, il y a notre idée du bonheur. Enfin, il y a ce que nous sommes. Les enfants grandissent en nous regardant. Adultes, éducateurs mais surtout parents, nous sommes leurs modèles. Si nous voulons transmettre des valeurs de respect à nos enfants, il va falloir faire attention. Attention à notre comportement au quotidien, à notre comportement au volant, dans la file au supermarché ou encore lorsque nous parlons d'un voisin ou d'un collègue que nous n'apprécions guère. Gare aux : « Fais ce que je dis et pas ce que je fais » comme par exemple leur demander de ne pas crier… en hurlant !
Mireille Pauluis
Il était une fois…
Affaire de survie
Autrefois chez les Inuits, à cause de températures parfois extrêmement basses, il fallait maintenir la chaleur dans la maison et avoir une soupe bien chaude pour les hommes qui rentraient de la chasse. D’autre part, il était indispensable que les hommes s'entraînent dès le plus jeune âge à devenir forts et costauds pour chasser l'ours polaire et pêcher dans la glace. Ces deux fonctions - la soupe et la chasse - devaient donc être assurées pour la survie de tout le monde.
Lorsqu’il y avait plus de filles qui naissaient que de garçons, une partie d’entre elles étaient élevées avec les garçons et grandissaient comme eux, devenant fortes et costaudes. À l'inverse, s'il y avait plus de garçons que de filles, ils grandissaient avec les filles et étaient tout aussi capables de prendre soin du foyer, des petits et devenaient… chamans !