Marie Colot, marraine des Nuits d’encre

Marie Colot est actuellement mise à l’honneur au festival Les nuits d’encre qui se déroule chaque année en Brabant wallon. L’autrice est prolixe. Rien que sur 2023, elle nous a proposé cinq titres ! Dont quatre chez deux éditrices belges : A pas de loups et ‘Alice jeunesse.

Dans le Ligueur du mois de février, nous vous présentions Nos violences publié chez Actes Sud, dans la collection d’une seule voix. Dans ce court roman au texte nerveux et moderne qui se prête bien à l’oralité, Lou nous raconte sa révolte et celle de Yannis, que « seule la haine du système lie »… (À partir de 14 ans) Si ce livre est paru en France, Marie Colot est fidèle aussi à l’édition belge qui la publie régulièrement.

Plus récemment, le duo a récidivé sous la même enseigne avec un bel album, Nos amies les bêtes (dès 4 ans). On y retrouve le bestiaire si caractéristique de Françoise Rogier et ses illustrations réalisées en papiers peints découpés. Mais également la fibre environnementale de Marie Colot. Sous un titre à double sens, l’histoire raconte une manifestation de toute la gent animale sous les yeux effarés d’un boucher et de son… chien. Puis de leurs voisins et voisines. Les animaux ne veulent plus servir de chair à pâté, chipolata et hamburgers ! On sourit en découvrant les nombreux slogans qu’ils brandissent. Et on se demande comment cette histoire va se terminer quand surgit une meute de loups affamés… Cet album au ton humoristique malgré le sujet vient bousculer nos habitudes alimentaires et pourrait conduire à des débats inattendus en famille.

Créée à Braine-l’Alleud en 1995 par Mélanie Roland, ‘Alice jeunesse est une maison d’édition résolument engagée autour de valeurs comme le respect de soi, de l’autre, de l’environnement. Treize, oui treize titres de Marie Colot figuraient déjà à leur catalogue. 2023 a vu en arriver deux autres : l’album Le soleil d’en face, illustré par Laura Giraud (dès 6 ans) et le roman Notre première fête des gens qu’on aime, illustré par Florence Weiser, dans la collection Primo destinée aux premières lectures en solo. L’un et l’autre reflètent bien la ligne éditoriale de la maison d’édition. En exergue de l’album Le soleil d’en face, on peut lire cette phrase de Vincent Lindon : « Quand il fait beau d’un côté de la rue et mauvais de l’autre, on n’empêche personne de traverser. » Celle-ci pourrait servir d’argument à l’histoire qui met en scène deux groupes d’enfants séparés par une rue. Un côté est ensoleillé, fleuri, coloré, l’autre est plongé dans l’obscurité, triste à mourir, s’il n’y avait une fille aux yeux clairs qui chante sans cesse et allume de l’espoir dans le cœur de ses camarades. Le tabou de la traversée de la rue, elle va l’affronter ainsi que le rejet des habitantꞏes de « l’autre côté ». Car la rue s’érige en mur. Du côté ensoleillé, un garçon armé d’un ukulélé refuse cette injustice et l'animosité de ses proches. On l’aura compris, tout finira par s’arranger comme dans le meilleur des mondes. Cette fable fera écho dans l’esprit des jeunes lecteurs et lectrices à toutes ces actualités où certainꞏes veulent garder leur place au soleil au détriment des autres, né au mauvais endroit…

Après Nos premières élections en classe, Notre premier potager à l’école et Notre première journée à la mer, tous illustrés par Florence Weiser, voici Notre première fête des gens qu’on aime (à partir de 9 ans). On retrouve la classe d’Elvis, le narrateur, et de Savanna, Ali, Jorge... Leur maîtresse adorée leur apprend qu’elle est enceinte de triplés. Elle va devoir se reposer et être remplacée. Les élèves envisagent l’échéance avec dépit tant ils ont vécu de belles premières fois avec Mademoiselle Coline. Mais le pire est à venir, à savoir un remplaçant sévère, au ton militaire. Même si la vie de classe se transforme en cauchemar, le narrateur parvient à garder le sourire. Vaille que vaille. Mais pourquoi donc cet instituteur est si acariâtre ?, s’interroge Elvis. Avec son amie Savanna, il décide de mener l’enquête… On retrouve dans ce roman ce qui avait fait le charme des précédents, à savoir la manière enjouée avec laquelle est décrite la vie de cette classe bien sympathique.

Dans le Ligueur 23 du 21.12.2022, nous consacrions un portrait de trois pages à Marie Colot. Cette fois, c’est le festival Les nuits d’encre  qui met l’autrice à l’honneur. Cette manifestation invite à lire et à découvrir des auteur·rice·s aux univers riches et variés, pour adultes et pour la jeunesse, dans des lieux qui favorisent la rencontre, partout en Brabant wallon ! Coordonné par la Bibliothèque centrale du Brabant wallon (FWB) et le SPOTT – Centre culturel d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, le festival a invité deux artistes, Marie Colot et Mathieu Burniat, pour composer avec les organisateurs et organisatrices la programmation du festival autour de la thématique : Métamorphoses. Un thème qu’elle présente en ces termes : « J’ai souvent l’impression que mon enfance est toujours là, qu’elle débarque à l’improviste dans mon quotidien et le fait vibrer étonnamment. Pas parce que je la regrette – je ne suis pas du genre nostalgique, à me rappeler des années auxquelles le temps ajoute une dose de beauté sépia. Parce qu’elle me semble encore proche, si près, et que j’en ai gardé plus que des souvenirs, des bobos, des frustrations et des rêves. Le goût, avant tout, de la métamorphose. […] C’est sans doute pour ne jamais perdre de vue ces possibles improbables que j’écris et que je lis, aussi avide de mots et d’images qu’un papillon qui découvrirait pour la première fois un journal. Des histoires, encore et encore, pour me sentir autre et semblable à la même seconde. Pour multiplier les expériences. Pour passer d’une identité à une autre, d’une forme à une autre, d’un monde à un autre. Pour secouer et agrandir mon existence, même si – je l’espère – elle reste complètement mouvante. Pour ne jamais me sentir immobile et garder de l’élan. Pour tenir le choc de la réalité et la transformer en fiction (et, parfois, oh ! magie ! l’inverse).  Pendant ces nuits d’encre, Mathieu Burniat et moi vous invitons à dessiner, écrire, lire, écouter, jouer, créer et transformer selon vos envies ce qui est là et change, déjà. »

Le festival se termine le 15 avril et il vous reste deux possibilités de rencontrer Marie Colot :

Le 10 avril, de 15h30 à 17h30, à Librairie La Page d’Après, rue des Wallons, 3 à 1348 Ottignies-Louvain-la-Neuve où Marie Colot et Mathieu Burniat seront en dédicace. Infos : info@lapagedapres.be

Le 11 avril, de 19h à 20h3o, pour un café littéraire avec Marie Colot à Bibliothèque communale Maurice Carême, rue de l'Ermitage, 65 à 1300 Wavre. La rencontre sera animée par les libraires de la librairie Claudine, les échanges seront suivis d’une séance de dédicaces et d’un verre de l’amitié. Infos et réservation : bibliocareme@wavre.be