Développement de l'enfant

« Mon ado s’en va » : se séparer, ce n’est pas rompre

C’est une étape, dans une famille, quand l’enfant, devenu grand ado ou jeune adulte, s’en va. Côté parents, les sentiments s’entremêlent, entre « Je me souviens de moi au même âge » et « J’ai peur de ne plus pouvoir le protéger ». Pour les jeunes aussi, ce départ n’est pas rien, même s’ils en sont souvent à l’origine.

On parle communément du syndrome du nid vide. « C’est la maison sans vie autre que la sienne », traduit une maman solo. La formule est désuète, selon une autre maman, car elle renvoie à la femme au foyer : comme si, une fois l’enfant parti, plus rien n’est accompli.
Romano Scandariato, psychologue et psychothérapeute, n’aime pas, pour sa part, l’expression « parce qu’elle n’est pas correcte et qu’elle induit en erreur ». Son point de vue aide à dédramatiser l’événement : non, on n’est pas dans un drame shakespearien ! Il ouvre de belles perspectives…

Pourquoi réprouvez-vous cette formule de syndrome du nid vide ?
Romano Scandariato : « Terme médical, un syndrome est une association de plusieurs signes qui, mis ensemble, constituent une pathologie. Or, ‘pathologiser’ le moment où les enfants partent de la maison est absurde. Une famille, c’est un système humain, et donc vivant. Dans le cycle de vie d’une famille, des périodes de stabilité alternent avec des moments de crise, qui sont des temps de changements nécessaires, mais qui n’ont rien de pathologique. Le départ des enfants en est un. »

Que se passe-t-il du côté des parents ?
R. S. : « Quand deux personnes se rencontrent et se plaisent, elles vont en général conclure une suite de contrats provisoires. Dans les cas standards, on décide de vivre ensemble ou pas. Si on choisit la vie commune, on fait alors un contrat. C’est la période du couple. Arrive ensuite le moment où, explicitement ou implicitement, on voit si on fait un enfant ensemble ou pas. Si oui, on passe un nouveau contrat. Le projet (qui n’aboutit pas toujours) est alors de rester ensemble pour constituer une famille et élever des enfants jusqu’au jour où ils quitteront la maison. Le départ des enfants demande un renouvellement du contrat : s’engage-t-on, comme au début, pour une période de vie à deux ? Choisit-on une autre voie ? Le moment est donc un peu critique pour le couple ou pour le parent seul si le couple s’est entre-temps défait. »

Corrélativement, c’est un moment de crise pour le jeune homme ou la jeune fille…
R. S. : « En effet, il ou elle quitte une position relativement confortable de pension complète - en étant nourri·e, blanchi·e et parfois même véhiculé·e - pour une situation où il ou elle va devoir se débrouiller seul·e ou, suivant les cas, avec un·e partenaire. Ce n’est pas forcément facile. Pour certains jeunes, le contexte socio-économique est dur : impossible de faire autrement que de rester vivre chez les parents. »

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